L’apprentissage et la pratique de l’iaido se réalisent au travers de l’exécution de katas. Ces katas scénarisent des combats fictifs contre un ou plusieurs adversaires en enchaînant différentes séquences de mouvements codifiés. Les douze katas du Zen Nippon Kendo Renmei iaido1 suivent tous ces quatre mêmes phases2 :
- Nukitsuke : sortir le sabre de son fourreau,
- Kiritsuke : couper,
- Chiburi : nettoyer le sang de la lame, et
- Notô : ranger la lame dans son fourreau.
Nukitsuke
Nukitsuke désigne à la fois l’action de sortir le sabre de son fourreau (la saya) et l’action qui suit immédiatement la sortie de la lame.
Cette sortie de lame peut se réaliser avec le tranchant de celle-ci (le Ha) orienté soit vers le haut, soit à l’horizontale, soit, plus rarement, vers le bas.
Le travail de la main gauche est essentiel dans ce mouvement. Nukitsuke consiste en effet plus à reculer la saya avec la main gauche que d’avancer le sabre avec la main droite. Ce mouvement de recul de la saya est appelé sayabiki. C’est également la main gauche qui va permettre de tourner la saya afin de placer la tsuka, la poignée du sabre, correctement dans la main droite et ainsi obtenir l’angle de coupe désiré. Le moment où la lame quitte son fourreau est appelé sayabanare.
L’intention derrière la sortie de la lame du fourreau est, dans la majorité des katas, d’attaquer l’adversaire le premier, soit via une coupe, soit via un tsuki (coup porté avec la pointe de la lame). Autant cette première coupe ne touche que très rarement sa cible, autant le tsuki, lui, est toujours fatal. A noter que dans les katas où le nukitsuke est suivi d’un tsuki, celui-ci est toujours précédé d’un atemi (coup) donné avec la tsuka.
Sortir la lame peut également servir à se protéger de l’attaque de l’adversaire, soit en allant chercher le contact avec sa lame pour la bloquer ou la dévier, soit en tentant de l’éviter tout en se protégeant derrière notre propre lame.
Kiritsuke
Kiritsuke désigne la ou les coupes (ou tsukis) qui suivent le nukitsuke. La coupe suivant directement le nukitsuke n’étant que rarement décisive, d’autres coupes sont donc nécessaires.
Plusieurs scénarii sont joués en fonction des katas.
Le scénario le plus fréquent : le kata ne compte qu’un seul adversaire. Celui-ci, après avoir évité notre première coupe ou nous avoir raté avec sa propre attaque, est déséquilibré. Une seule coupe ou un seul tsuki suffit alors pour l’éliminer. Une variante de ce scénario est le dixième kata, sôgiri, ou pas moins de cinq coupes sont nécessaires afin de venir à bout de notre opposant, ce dernier esquivant systématiquement nos attaques !
Les autres scénarios comptent tous plusieurs adversaires, allant de deux à quatre, et attaquant tous l’un après l’autre (jamais simultanément), à partir de positions différentes. Une seule coupe est alors suffisante pour se débarrasser de chaque adversaire.
Un élément très important du kiritsuke est le moment où le pratiquant arme son sabre au-dessus de sa tête pour préparer sa coupe. Ce moment s’appelle le Furikabute (On retrouve parfois aussi le terme furikaburi).
Chiburi
Chiburi signifie littéralement « Secouer le sang ». Cette étape est importante pour l’entretien de la lame du sabre. En effet, ranger la lame dans son fourreau tachée du sang de l’adversaire pourrait d’une part la faire rouiller et d’autre part compliquer la prochaine sortie de la lame si le sang, en séchant, colle celle-ci aux parois de la saya. Il est donc essentiel de nettoyer la lame avant de la remettre dans son fourreau. Ce nettoyage prend la forme d’une coupe dans le vide censée éjecter le sang de la lame.
Le chiburi peut être exécuté de trois manières différentes dans le seitei iaido.
La première forme rencontrée dans le seitei iai est le kesa no chiburi : le chiburi en coupe oblique. Cette forme, souvent appelée Ô chiburi ou grand chiburi, consiste à effectuer une coupe à 45 degrés du haut à gauche vers le bas à droite. Le départ de ce mouvement peut être les positions de garde hasso no kamae (la tsuba au niveau de la mâchoire) ou jodan no kamae (le sabre au dessus de la tête) dans un kata pratiqué debout ou encore le sabre au niveau de la tempe pour les katas à genoux. A noter que dans ce cas, l’iaidoka se lève en même temps qu’il effectue la coupe.
La seconde forme rencontrée, et la plus rare, est le gyakute chiburi. Le pratiquant retourne (gyakute signifie inverser la main) rapidement son sabre d’un geste des poignets et pose sa lame sur sa jambe droite (cette action est parfois suivie dans certains koryus par la sortie d’un linge de l’iaidogi et le nettoyage de la lame avec celui-ci). Ce chiburi est également appelé Chinugui.
Enfin, le yoko chiburi ou petit chiburi, nécessite simplement de secouer la lame horizontalement vers la droitre.
Dans les fait, le chiburi ne permet pas réellement de nettoyer la lame. D’une part, lors d’une coupe, peu de sang se fixe celle-ci ; d’autre part, le sang étant assez épais, un tel mouvement ne permet pas de l’éjecter de la lame. En réalité, le chiburi revêt une signification plus spirituelle consistant à prendre conscience de l’acte irrévocable qui vient d’être commis. En outre, il permet de maintenir l’esprit du pratiquant dans un état de vigilance constant lui rappelant que tout danger n’est pas forcément écarté.
Notô
Notô désigne l’action de ranger le sabre dans son fourreau, signifiant ainsi l’absence de danger et de facto la fin du kata.
Le notô démarre de la position de la lame à la fin du chiburi. Elle peut donc être à inclinée à 45°, à l’horizontale ou encore inversée. La main gauche va chercher et ramène la saya en position centrale tandis que la main droite ramène la lame parallèlement à la saya, la tsuba au niveau de l’ouverture de la saya (le koiguchi). De là, les mains s’écartent afin d’ouvrir l’espace et l’accès au koiguchi et permettre d’entrer la lame.
Chaque école (koryu) est autorisée à pratiquer son propre notô en zenkenren. Certains pratiquants rentreront donc leur lame à l’horizontale, d’autres à la verticale. La seule obligation est que les deux mains partent en même temps du centre.
La lame rentrée, la main droite quitte la tsuka pour revenir le long du corps et le pratiquant recule de quelques pas afin de regagner sa position initiale. La main gauche peut alors lâcher la saya. Le kata est terminé.
- L’iaido standardisé par la fédération japonaise et aussi appelé Zenkenren iaido ou seitiei iaido. ↩︎
- Il en va de même pour la grande majorité des katas (pour ne pas dire tous ?) issus des écoles anciennes, les koryus. ↩︎
Crédit photo : design créé par Sakura Fabric, photo de Musashi.be
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