Le samouraï est le premier volume d’une trilogie écrite par David Kirk et consacrée à Miyamoto Musashi, le plus célèbre maître du sabre du Japon.
Ce premier tome raconte l’enfance de Shinmen Bennosuke, jeune garçon de 13 ans et fils de Shinmen Munisai, samouraï et administrateur du village de Miyamoto.
Après les terribles événements qu’a connu le village, Munisai quitte celui-ci pour devenir le conseiller du seigneur Shinmen qui lui fera l’honneur de porter son nom. Pendant cette longue absence, Bennosuke est élevé par Dorinbo, prêtre au service de la déesse Amaterasu et frère de Munisai. Dorinbo fait tout son possible pour élever Bennosuke loin de la voie du guerrier.
Tout bascule quand Munisai revient au village, 8 ans après être parti, et décide de faire du garçon un samourai…
Ce roman se concentre sur l’enfance de celui qui deviendra plus tard, sous le nom de Miyamoto Musashi, le plus célèbre des manieurs de sabre du Japon. Il retrace la vie de ce dernier de sa prime enfance à ses 16 ans et sa participation à la célèbre bataille de Sekigahara, en 1600, dans le clan des perdants, celui des Toyotomi. Les grands événements de la jeunesse de Musashi y sont racontés, comme son premier duel face à Arima Kihei du clan des Nakata, clan ennemi de son père ; le seppuku de son père pour réparer son honneur suite à la blessure infligée par Bennosuke à l’héritier du clan Nakata ; la soif de vengeance de jeune garçon pour restaurer l’honneur de son père ; le moment et la manière dont il change de nom pour devenir Miyamoto Musashi, etc.
Ne connaissant pas suffisamment la vie de Musashi, je suis incapable de dire si les événements narrés dans ce roman sont proches ou pas de la vraie vie de Musashi. Mais là n’est pas l’essentiel ! J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman. J’ai particulièrement apprécié le combat intérieur du jeune Bennosuke, tiraillé entre son envie de devenir un samouraï comme son père d’un côté et sa conscience imprégnée de la sagesse et des enseignements pacifiques de son oncle de l’autre côté. Cet extrait est pour moi révélateur de ce dilemme :
Bennosuke : Pourquoi ne serais-je pas les deux choses à la fois ?
Dorinbo : De quoi parles-tu ?
Bennosuke : A la fois un samouraï et un érudit.
Dorinbo : Ces deux voies sont incompatibles. Selon toi, pourquoi le samouraï prend-il le fait de se raser le crane et d’entrer en religion comme un châtiment ?
Bennosuke : Je l’ignore… Le samouraï ne pourrait-il pas consacrer sa puissance à la recherche de l’illumination ?
Dorinbo : Autant essayer de contempler les ténèbres à la clarté d’une torche. Les deux choses se contredisent l’une l’autre. La réflexion demande un grand calme. Le combat requiert pour sa part des dispositions tout à fait différentes.
Bennosuke : Je ne suis pas d’accord. Il existe un moment incertain à la frontière de la nuit et du jour, n’est-ce pas ? Juste avant l’aube. Pourquoi un homme ne serait-il pas ainsi ?
Dorinbo : Parce que les hommes ne sont pas faits de la sorte, tout simplement. C’est regrettable, mais c’est la vérité, conclut Dorinbo en soupirant derechef.
Bennosuke : Vous vous trompez. Moi je veux devenir ce genre d’homme.
David Kirk est un écrivain britannique né à Stamford dans le Lincolnshire à la fin des années 1980 (1987 ?). Il a étudié la littérature et l’histoire à la Royal Holloway de Londres. Il commence à s’intéresser au Japon médiéval après que son père lui ait offert un exemplaire du livre Shogun de James Clavell. En 2008, il part s’installer à Sendai, préfecture de Miyagi, à l’ouest du Japon pour y enseigner l’anglais. Il y reste jusqu’en 2016. Il vit actuellement au Canada, dans l’Alberta. Le samouraï, paru en 2014 (en 2013 pour la version anglaise), est son premier roman.
- KIRK David, Le samouraï, Albin Michel, 2014, 9782226256065.
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